Hygiène des mains et solutions hydroalcooliques

Hygiène des mains et solutions hydroalcooliques

L'IMPORTANCE DE L'HYGIENE DES MAINS :

Avant la fin du XVIIIème siècle, l’homme ignorait que la transmission de virus pouvait se faire par les mains. Entre 1820 et 1860 des travaux réalisés par des médecins et des pharmaciens ont mis en évidence ce principe de contamination.

Puis Louis Pasteur posa les bases de l’hygiène moderne. Selon lui, le meilleur moyen de lutter contre les infections est de respecter des règles de désinfection pour prévenir la transmission des virus et cela devait bien évidemment commencer par l’Hygiène des mains.

L’hygiène des mains par un lavage à l’eau claire et au savon est la mesure de base pour prévenir et réduire les infections.  Il est admis qu’une réduction de 75 % des contaminations par des mains souillées serait possible par un bon lavage.

Ce geste pourtant simple n’est généralement pas respecté.

Les progrès durant le XXème siècle sont nombreux et de nouveaux antiseptiques sont découverts (chlorhexine en 1950, povidone iodée en 1956 ) qui présentent des avancées dans la désinfection cutanée donc dans l’hygiène des mains.

Les Produits Hydro-alcooliques ( PHA ) apparaissent à leur tour dans les années 1990 et commencent à être utilisés dans le milieu hospitalier.

L’utilisation d’une solution ou produit ou Hydroalcoolique est une alternative dont l’efficacité a été démontrée par l’utilisation dans le milieu hospitalier depuis  30 ans en France. L’Organisation Mondiale de la Santé en recommande depuis près de 20 ans son utilisation dans le monde.

En 2001, le Comité Technique National des infections nosocomiales préconise l’utilisation par friction des PHA en remplacement du lavage des mains et en 2002, la technique de friction est mise en avant par la Société Française d’Hygiène Hospitalière. Nous verrons plus en avant cette technique par un schéma.

Composition des Produits Hydro-alcooliques

Les PHA peuvent être soit des solutions, soit des gels. Ils sont composés d’une concentration d’alcool associée à des agents hydratants. Un antiseptique peut compléter la formulation.

Ils sont des Produits Biocides destinés à l’hygiène humaine.

La composition des solutions hydro-alcooliques est standardisée, malgré quelques variations introduites par les sociétés pharmaceutiques. Les deux principes actifs sont un alcool et un agent antibactérien; on peut ajouter également un agent émollient, un agent moussant, un colorant, ou du parfum. Les solutions hydro-alcooliques sont, par définition, plus fluides que les gels hydro-alcooliques (GHA).

La formule de la solution hydro-alcoolique retenue par l'Organisation mondiale de la santé a été développée par Didier Pittet. Il est très aisé de fabriquer sa propre solution hydro-alcoolique : tous les composants (alcool, eau oxygénée, glycérine, eau) se trouvent en vente libre dans les grandes surfaces. Des conditions d'hygiène et de sécurité doivent néanmoins être respectées (récipients propres, manipulation avec des gants, stockage sécuritaire). En 2020, le gouvernement français utilise la formulation de l'OMS dans un décret et donne une procédure de fabrication et des conseils de stockage.

Place des PHA dans la Société :

Recommandation de l’Organisation Mondiale de la Santé dans le milieu médical

En 2009, par le déploiement de son programme ‘’ Save Lives, cleans your hands ‘’, l’ OMS recommande l’utilisation généralisée dans le monde des PHA en avançant les arguments suivants.

  • L’efficacité des PHA est prouvée et démontrée par une rapidité d’action
  • L’utilisation des PHA par le principe de friction est simple et rapide.
  • Les PHA sont utilisables partout dans le monde et en particulier dans les zones ou l’accès à l’eau n’est pas aisé.
  • Les PHA sont plus tolérés que les autres produits antiseptiques pour l’hygiène des mains.

Cependant, dans le milieu médical, l’OMS préconise l’emploi des PHA après un lavage des mains à l’eau et au savon.

Recommandation pour le grand public :

En septembre 2009, l'Agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (AFSSAPS ) a émis lors d’ l’épidémie de la Grippe H1N1 un avis sur l’ utilisation des PHA pour rappeler leur  bon usage et l’importance du lavage des mains à l’eau et au savon.

Le marché des PHA en France :

C’est à partir de l’épisode de l’épidémie de la Grippe H1N1 que la croissance des ventes des PHA s’ est fortement accélérée. Certains acteurs du marché ont en effet estimé que la demande a été jusqu’à 30 fois supérieure aux demandes habituelles.

De nombreux industriels ont donc développé leur solution avec des gammes spécifiques pour les enfants, les mains fragiles…. Et les PHA sont devenus des produits de grande consommation.

Ci-dessous article de presse de Sophie Caillat dans l’ Obs. en date du 08 novembre 2016  illustrant cet emballement constaté à l’époque :

Jamais un produit de parapharmacie n’aura été autant dopé par les pouvoirs publics. La demande pour les gels permettant de se laver les mains sans savon est aujourd’hui démultipliée et laisse le champ libre aux vendeurs peu scrupuleux.

« Il y a eu un vent de folie. Rien qu’en septembre, une centaine de nouveaux concurrents sont arrivés sur le marché. Le gâteau est plus gros, mais il y a aussi beaucoup plus d’acteurs. »

Marchands de journaux, grandes et petites surfaces alimentaires... la distribution de ces « solutions » n’est plus l’apanage des pharmacies et parapharmacies. La demande est telle que l’unique problème des fabricants est devenu de fournir à tout prix, quitte à augmenter outrageusement les tarifs.

Une demande multipliée par 10 à 30 et une offre qui ne peut suivre.

Les fabricants décrivent une situation mirifique :

« Si on avait pu fournir 10 fois plus que d’habitude, on l’aurait fait, on a essayé, on est passés en 3x8 vu qu’on fabrique nous-mêmes, mais on a réussi à aller que jusqu’à fois cinq. » (Laurent Auday, directeur général société Blue Skin, Assanis)

« Il y a eu un gros pic en avril puis fin août-début septembre, la demande a été 30 fois supérieure à d’habitude, on a eu des difficultés à fournir, aujourd’hui la demande est redescendue au niveau du mois de mai mais ça peut repartir. » (Emmanuel Bernard, responsable marketing laboratoires Cooper, 
Baccide)


Avec la pandémie du Covid-19 que nous connaissons actuellement, ce phénomène n’a fait que croitre de façon exponentielle à tel point que les autorités ont dû intervenir pour réguler ce marché.

A cet effet, le gouvernement français prend un décret d'encadrement des prix à compter du 6 mars 2020. Cet encadrement s’applique jusqu’au 31 mai 2020. Ce décret prévoit notamment le prix de 2 euros TTC maximum pour un flacon de 50 ml vendu au détail.

Cet encadrement est contrôlé des agents de la Direction générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des fraudes (DGCCRF), une administration française du ministère de l'Économie. Cet encadrement concerne tous les professionnels : « fabricants, grossistes, distributeurs (pharmacies ou grandes et moyennes surfaces, vente en ligne), quel que soit leur statut. De plus, tout professionnel qui ne respecterait pas cette mesure devra payer une contravention de 5e classe, c’est-à-dire de 7 500 euros d’amendes pour chaque produit vendu. Il a été mis en place afin d’empêcher une spéculation et donc assurer une fluidité du marché

Efficacité des PHA :

LE GEL HYDROALCOOLIQUE EST-IL PLUS EFFICACE QUE LE LAVAGE DES MAINS À L’EAU ET AU SAVON ?

La réponse est non. « Il n’y a aucun intérêt à utiliser du gel si l’on dispose d’un accès à un point d’eau et à du savon, précise Olivier Schwartz, responsable de l'unité Virus et Immunité à l'Institut Pasteur. Se laver les mains soigneusement est aussi efficace et moins cher. De plus, le gel ne lave pas. » De ce fait, des saletés diverses, même microscopiques, peuvent rester à la surface des mains après utilisation et si l’on est en contact par la suite avec des virus, ils y trouveront un terrain propice à leur survie.

« L’efficacité des gels sur Covid-19 en particulier n’a pas été testée mais il n’y a pas de raison d’en douter car elle a été confirmée sur d’autres coronavirus », poursuit Olivier Schwartz. Cela dit, les bonnes vieilles méthodes peuvent s’avérer tout aussi probantes sur l’élimination du coronavirus et autres virus et bactéries. Ainsi, du temps où sévissait la grippe A (H1N1), une étude avait montré que le lavage à l’eau et au savon était plus efficace que l’utilisation de trois gels hydroalcoolique (à base d’alcool seul ou d’alcool + Chlorhexidine). Même chose avec la redoutable bactérie Clostridium difficile dont le lavage, même à l’eau froide, a pu venir plus facilement à bout que l’application de produit antibactérien.

 LE GEL HYDROALCOOLIQUE PRÉSENTE-T-IL DES INCONVÉNIENTS ?

Dans la mesure où ils restent sur la peau, les gels hydroalcoolique sont potentiellement plus nocifs que le savon. S’ils ont pu, par le passé, contenir des ingrédients à risque comme le triclosan, un perturbateur endocrinien, ce n’est plus le cas aujourd’hui. L’inconvénient essentiel est celui de la présence d’alcool qui peut devenir irritant, surtout si on multiplie les applications. Sont concernées en particulier les peaux réactives, comme celles des personnes souffrant d’eczéma. Par ailleurs, les versions parfumées peuvent contenir des allergènes, elles sont à éviter surtout en cas de terrain allergique.

À noter que ces produits ne peuvent pas, a priori, induire de résistances bactériennes.

 QUAND UTILISER DU GEL HYDROALCOOLIQUE ?

Quand on n’a pas accès à un point d’eau, on peut utiliser un gel affichant une concentration d’alcool d’au moins 60 %. On le fera dans toutes les circonstances où l’on a pu toucher une surface potentiellement contaminée et où les mains seront ensuite en contact avec les portes d’entrées que sont la bouche, le nez et même les yeux (éviter de se toucher le visage fait ainsi partie des mesures de prévention). « Le virus survit probablement plusieurs heures sur des surfaces inertes, surtout si elles sont lisses ; les tissus, par exemple, sont moins favorables à leur survie car ils sont poreux. Mais pour qu’il puisse infecter quelqu’un, il y a aussi une question de quantité, nuance Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cellule d’intervention biologique d’urgence à l’Institut Pasteur. Concrètement, pour prendre un exemple actuel, les bulletins de vote, que l’électeur précédent aura seulement effleurés, ne constituent pas une menace. Pour le stylo d’émargement, avec lequel le contact est plus prolongé, la question se pose davantage. » Donc, se désinfecter les mains au square avant de donner à goûter aux enfants ou dans les transports après s’être accroché longuement à une barre d’appui, bien sûr. Mais inutile de le faire à tout bout de champ.

Si des précautions supplémentaires sont à prendre en période d’épidémie, une hygiène obsessionnelle peut nuire à notre microbiote cutané qui nous protège des bactéries pathogènes via divers mécanismes et ne doit pas être récuré en permanence.

L’utilisation des PHA

Uniquement sur des mains :

  • Non souillées
  • Non mouillées
  • Non poudrées
  • Non irritées
  • La quantité de PHA appliquée doit être de 1.5 à 3 ml.